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Étape 1 : licence de grande restauration
Savez-vous que, pour ouvrir un restaurant, il est obligatoire d’avoir une licence de grande restauration qui ne sert à rien ?
Avant l’ouverture du restaurant, la CCI vous dit et vous redit d’aller aux douanes vous faire délivrer votre licence de restauration qui vous permettrait de vendre des boissons alcoolisées durant les repas…
On appelle les douanes pour connaître la liste des documents à apporter. Le préposé vous donne la liste et ajoute en fin de conversation : « on peut toujours la faire, mais elle ne sert à rien ».
Bête et discipliné, on se rend aux douanes, à l’adresse communiquée par le préposé, et là, on cherche une heure car cette adresse n’existe pas dans la rue ! Le préposé a simplement oublié de vous indiquer qu’il faut prendre une impasse pour atteindre les précieuses douanes et que le numéro indiqué… est dans l’impasse !
Bref, le préposé n’est pas là ; on le cherche ; on le trouve ; il vous fait patienter car il a beaucoup de travail (ça me rappelle l’INSEE !) ; il finit par vous recevoir ; comprendre que vous voulez une licence de grande restauration ; vous répète qu’elle ne sert à rien mais qu’il va vous la délivrer quand même ; vous la délivre. (ça me fait toujours de la peine d’entendre un salarié vous dire qu’il fait quelque chose qui ne sert à rien : c’est très dévalorisant pour lui)
Donc, j’ai perdu 3 heures (trajet et recherche des douanes inclus) pour avoir un document qui ne sert à rien.

Étape 2, licence I
On a déjà l’impression de retourner à la case départ, quand on écrit : « étape 2, licence I »
Visite impromptue de la police des boissons, 6 mois après l’ouverture du restaurant. « Monsieur, vendez-vous des boissons non-alcoolisées sans que vos clients ne se restaurent ? , Oui ? mais alors vous êtes en infraction avec la législation sur les ventes de boisson. L’amende est de 400 € car vous n’avez pas de licence I.»
Comme l’administration est clémente, elle vous permet de régulariser votre situation.
Vous devez tout d’abord vous rendre à la mairie. Comme ils sont très copains entre la mairie et la police des boissons, ils me donnent le numéro de téléphone des services de la mairie, pour obtenir la liste des informations nécessaires à la demande d’autorisation d’ouverture d’un débit de boisson non alcoolisées (je rêve !).

Etape 2-1
Après ¾ d’heure d’appels téléphoniques infructueux, on vous annonce qu’il faut : un extrait de casier judiciaire, une copie de la carte nationale d’identité du gérant, une copie du bail commercial mentionnant que vous pouvez vendre des boissons non alcoolisées en dehors des repas, un extrait de K bis… (et une paire de baskets ?)
On se fait envoyer par courrier par le biais d’Internet l’extrait de casier judiciaire ; on contacte son propriétaire pour obtenir son accord pour vendre des boissons en dehors des repas ; on arrive pas à joindre la propriétaire ; on va faire faire un K bis au tribunal de commerce ; on recherche la copie de tous les docs à remettre ; on rédige une demande manuscrite au maire de la commune qui vous autorisera à ouvrir votre débit de boisson.
Quand les pièces sont réunies, on prend rendez-vous par téléphone avec les services de la mairie ; re ¾ d’heure d’appels infructueux ; on se déplace à la mairie ; on signe des papiers ; on attend une semaine pour avoir l’autorisation ; on retourne à la mairie la chercher ;
Etape 2-2
Il faut aller aux douanes… heureusement, on connaît le chemin, maintenant ! un petit appel avant d’y aller pour se faire préciser les documents à apporter ; ½ heure d’appels infructueux ; recherche sur internet d’un autre service des douanes pour voir si on arrivera à les joindre par un autre biais ; On tombe sur un préposé qui nous dit que c’est pas là (forcément, on le sait déjà !) mais qu’il va gentiment rechercher qui s’en occupe et nous le passer ; il le trouve ; il revient nous demander d’attendre que la personne aille dans son bureau ; il nous la passe ; on confirme les papiers nécessaires ; on y va ; on rencontre la personne ; elle nous délivre la fiche verte de la licence I ;
C’est fini ?
Non.

Etape 2-3
La police des boissons vous rappelle ; il faut lui apporter un K bis, le bail, les statuts de la société, la fiche verte des douanes, lui donner le nom de jeune fille de votre épouse, le prénom de votre père, le nom de famille de votre mère… tout ça, quoi ! Vous allez au commissariat, vous donnez tout, vous ressortez : c’est fini.

Je n’ai rencontré que des fonctionnaires très aimables, souriants et (sauf peut-être aux douanes) très disponibles et arrangeants.

Mais à quoi ces 10 heures de travail d’un chef d’entreprise ont-elle servies ?
Une réponse vue de ma toute petite fenêtre : à justifier de l’emploi dans la fonction publique.

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